Anne Mahoüé a épousé Pierre Frémont, chirurgien de la ville d'Alençon, le 30 octobre 1710
à Beaumont sur Sarthe (72)
. Dix ans plus tard, après avoir été maltraitée par son mari,
Anne a demandé la séparation de biens et de corps, à une époque où le divorce n'existait pas encore.



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Je remercie Philippe GONDARD, François HUREAU et Maurice MÉZIÈRE, colistiers d'AD-72, groupe d'entraide généalogique pour la Sarthe, qui m'ont aidée à terminer la transcription de ce document.
Pour le début du texte, j'ai utilisé la transcription partielle effectuée par les archives départementales de la Sarthe en remettant simplement l'orthographe d'origine. Les abréviations étant assez nombreuses (exemple : "lad" signifie "ladite", "adat" signifie "advocat", etc...), j'ai pris le parti d'inscrire les mots en entier pour plus de lisibilité.

Sources : AD72 - Sénéchaussée de Beaumont sur Sarthe
Justice Civile (jugements civils et de police) - Cote : B 2117

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Transcription de la plainte d'Anne, assistée de son avocat :

A Monsieur le lieutenant general en la Senechaussee et siege royal de cette ville de Beaumont le Vicomte
supplie humblement Anne Mahoüé femme de Pierre Fremont cy devant maitre chirurgien et archer de la

"A Monsieur le lieutenant general en la Senechaussee et siege royal de cette ville de Beaumont le Vicomte supplie humblement Anne Mahoüé femme de Pierre Fremont cy devant maitre chirurgien..."

mareschaussee de cette ville, et vous remontre que quoy que la societé conjugalle doive renfermer l’union des coeurs et des esprits, et consequament une amitié réciproque, avec une attention continuelle a soutenir les charges du mariage, neamoins la suppliante a eu le malheur d’épouser un mary dont elle ne reçoit depuis plusieurs années que des rigueurs et des traittements si facheux et si contraires a l’honesteté qu’elle ne peut plus vivre avec luy sans exposer sa vie, et son salut, Il etait chirurgien de sa profession et capable de la bien soustenir, mais il a eu le malheur d’abandonner cette proffession honorable.

Il avait achepté une place d’archer en la marechaussée de cette ville mais elle a esté supprimée et au lieu de reprendre son premier etat, ou d’en embrasser quelqu’autre pour travailler a soutenir sa famille il s’est engagé en des compagnies de junes gens, avec lesquels depense et dissipe jour et nuit non seullement les revenus des biens de la suppliante, mais encore les effets et meubles de leur communauté qu’il vend peu a peu a vil prix sans voulloir faire aucun travail qui puisse contribuer au soutien de leur famille, et comme la suppliante luy a souvent fait reproche de ses dereglements, et que d’ailleurs elle ne luy peut fournir de quoy soutenir ses depences, il l’a souvent sans sujet raisonable frappée et soufflettée en presence de plusieurs personnes de la ville, jusques la qu’il s’est plusieurs fois mis en devoir de la frapper avec des armes et couteaux en la menaçeant de la tuer et proferant avec emportement plusieurs juremens qu’elle n’ose encore divulguer par la consideration et par le respect qu’elle luy porte, il commet d’ailleurs les jours deffendus des exces de bouche contraires a la religion si bien que par tout son procedé et manieres de vivre , il scandalise tous ses voisins et tous ceux qui le connaissent, pour quoy la suppliante se trouve obligée de se faire separer d’avec luy de corps et de biens auquel effet elle a esté conseillée de vous presenter sa requeste.
A ce qu’il vous plaise Monsieur luy donner acte de sa plainte et declaration de renoncer des a present a la continuation de la communauté qui a reigné entre le dit Sr Fremont son mary et elle suivant leur contrat de mariage passé devant les notaires de cette ville le huit octobre mil sept cent dix, en consequence pour parvenir a ladite separation, luy permettre de faire informer devant vous des faits cy dessus circonstences et dependances, par temoins qui seront interoges et entendus par vous en votre hotel au secret de Justice, et pour cet effet ordonner qu’il luy sera delivré votre mandement pour l’information faitte ordonner que la suppliante demeurera separée de corps et de biens d’avec le dit sieur Fremont son mary, avec deffences a luy d’entrer dans sa maison et de la maltraitter et insulter sous telles peines qu’il appartiendra, qu’il n’y aura plus de communaute ny habitation entreux qu’elle jouira de ses biens et revenus qu’il sera condamné lui faire remploy de sa dot et des rembourcemens par luy receus de ses biens et de satisfaire aux autres conventions matrimonialles avec interres et depens ordonner d’office  plainte et que  pour y parvenir elle procedera sous l’authorité de maître Louis Fontaine ou de md Laurent Launay notaires royaux de cette ville ses cousins et vous ferez justice.
Signatures : Anne Mahoüé  et  Chastelain ad[voc]at de la suppliante.

                   

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