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Je remercie Philippe GONDARD, François HUREAU et Maurice MÉZIÈRE, colistiers
d'AD-72, groupe d'entraide généalogique pour la Sarthe,
qui m'ont aidée à terminer la transcription de ce
document.
Pour le début du texte, j'ai utilisé la transcription partielle effectuée par les archives départementales de la Sarthe en remettant simplement l'orthographe d'origine. Les abréviations étant assez nombreuses (exemple : "lad" signifie "ladite", "adat" signifie "advocat", etc...), j'ai pris le parti d'inscrire les mots en entier pour plus de lisibilité. Sources : AD72 - Sénéchaussée de Beaumont sur Sarthe Justice Civile (jugements civils et de police) - Cote : B 2117
A
Monsieur le lieutenant general en la Senechaussee et siege royal de cette ville
de Beaumont le Vicomte
supplie humblement Anne Mahoüé femme de Pierre Fremont cy devant maitre chirurgien et archer de la
mareschaussee de cette ville, et vous remontre que quoy que la societé conjugalle doive renfermer l’union des coeurs et des esprits, et consequament une amitié réciproque, avec une attention continuelle a soutenir les charges du mariage, neamoins la suppliante a eu le malheur d’épouser un mary dont elle ne reçoit depuis plusieurs années que des rigueurs et des traittements si facheux et si contraires a l’honesteté qu’elle ne peut plus vivre avec luy sans exposer sa vie, et son salut, Il etait chirurgien de sa profession et capable de la bien soustenir, mais il a eu le malheur d’abandonner cette proffession honorable.
Il avait achepté une place d’archer en la marechaussée de cette ville mais elle
a esté supprimée et au lieu de reprendre son premier etat, ou d’en embrasser
quelqu’autre pour travailler a soutenir sa famille il s’est engagé en des
compagnies de junes gens, avec lesquels depense et dissipe jour et nuit non
seullement les revenus des biens de la suppliante, mais encore les effets et
meubles de leur communauté qu’il vend peu a peu a vil prix sans voulloir faire
aucun travail qui puisse contribuer au soutien de leur famille, et comme la
suppliante luy a souvent fait reproche de ses dereglements, et que d’ailleurs
elle ne luy peut fournir de quoy soutenir ses depences, il l’a souvent sans
sujet raisonable frappée et soufflettée en presence de plusieurs personnes de
la ville, jusques la qu’il s’est plusieurs fois mis en devoir de la frapper
avec des armes et couteaux en la menaçeant de la tuer et proferant avec
emportement plusieurs juremens qu’elle n’ose encore divulguer par la
consideration et par le respect qu’elle luy porte, il commet d’ailleurs les
jours deffendus des exces de bouche contraires a la religion si bien que par
tout son procedé et manieres de vivre , il scandalise tous ses voisins et tous
ceux qui le connaissent, pour quoy la suppliante se trouve obligée de se faire
separer d’avec luy de corps et de biens auquel effet elle a esté conseillée de
vous presenter sa requeste.
A ce qu’il vous plaise Monsieur luy donner acte de sa plainte et declaration de
renoncer des a present a la continuation de la communauté qui a reigné entre le
dit Sr Fremont son mary et elle suivant leur contrat de mariage passé devant
les notaires de cette ville le huit octobre mil sept cent dix, en consequence
pour parvenir a ladite separation, luy permettre de faire informer devant vous
des faits cy dessus circonstences et dependances, par temoins qui seront
interoges et entendus par vous en votre hotel au secret de Justice, et pour cet
effet ordonner qu’il luy sera delivré votre mandement pour l’information faitte
ordonner que la suppliante demeurera separée de corps et de biens d’avec le dit
sieur Fremont son mary, avec deffences a luy d’entrer dans sa maison et de la
maltraitter et insulter sous telles peines qu’il appartiendra, qu’il n’y aura
plus de communaute ny habitation entreux qu’elle jouira de ses biens et revenus
qu’il sera condamné lui faire remploy de sa dot et des rembourcemens par luy
receus de ses biens et de satisfaire aux autres conventions matrimonialles avec
interres et depens ordonner d’office plainte et que pour y
parvenir elle procedera sous l’authorité de maître Louis Fontaine ou de md
Laurent Launay notaires royaux de cette ville ses cousins et vous ferez
justice.
Signatures : Anne Mahoüé et Chastelain ad[voc]at de la suppliante.![]() Pages suivantes, l'enquête et les témoignages ... |
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